Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

faut rien croire de ce qui s’imprime à l’heure qu’il est ; il a peut-être raison !


Samedi 22 octobre.


Promenade aux Couperies et au gué de Roche avec ma belle-fille et nos deux petites ; elles font plus d’une lieue à pied. Le temps est délicieux. Ce ravin est fin et mignon. La rivière s’y encaisse le long d’une coupure à pic, les arbres de la rive apportent leurs têtes au rez du sentier que nous suivons. On tient la main des petites, qui voudraient bien, que nous devrions bien laisser marcher seules. Dans mon enfance, on nous disait :

— Marche.

Et nous risquions de rouler en bas. Nous ne roulions pas et nous n’avons pas connu le vertige ; mais je n’ai pas le même courage pour ces chers êtres qui ont pris une si grande place dans notre vie. On aime à présent les enfants comme on ne les aimait pas autrefois. On s’en occupe