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peuples, et acceptons les conditions de notre développement. Jamais la guerre ne sera un instrument de vie, puisqu’elle est la science de la destruction ; croire qu’on peut la supprimer n’est pas une utopie. Le rêve de l’alliance des peuples n’est pas si loin qu’on croit de se réaliser. Ce sera peut-être l’œuvre du XXe siècle. On nous dit que le colosse du Nord nous menace. À jamais, non ! Aujourd’hui il nous écrase la poitrine, mais il ne peut rien sur notre âme. On peut être lourd comme une montagne et peser fort peu dans la balance des destinées. En ce moment, l’Allemagne s’affirme comme pesanteur spécifique, comme force brutale, — tranchons le mot, comme barbarie. Sur quelque mode éclatant qu’elle chante ses victoires, elle n’élèvera que des arcs de triomphe qui marqueront sa décadence. Au front de ses monuments nouveaux, la postérité lira 1870, c’est-à-dire guerre à mort à la civilisation ! Ô noble Allemagne, quelle tache pour toi que cette gloire ! L’Allemand est désormais le plus beau soldat de