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— Non ! nous avons l’élément civil, une arme morale que les étrangers n’ont pas.

— Ils ont bien mieux, ils ont un seul élément, leur arme est à deux tranchants, militaire et civile en même temps.

— On le sait ; mais le moral de la France !

Oh ! soit ! Croyons encore à sa virilité, à sa spontanéité, à ses grandes inspirations de solidarité ; mais, si nous ne les voyons pas se produire, puisons notre courage dans un autre espoir que celui de la lutte. Après la résistance que l’honneur commande, aspirons à la paix et ne croyons pas que la France soit avilie et perdue parce qu’elle ne sait plus faire la guerre. Je vois la guerre en noir. Je ne suis pas un homme, et je ne m’habitue pas à voir couler le sang ; mais il y a une heure où la femme a raison, c’est quand elle console le vaincu, et ici il y aura bien des raisons profondes et sérieuses pour se consoler.

Pour faire de l’homme une excellente machine de combat, il faut lui retirer une partie de ce