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rait devant aucune éventualité. Si Bazaine se croit lié à son empereur et non à son pays, il prétendra qu’il peut tourner son épée contre un pays qui repousse son empereur. Je ne vois pas qu’on puisse compter sur lui, puisqu’on n’a pu s’assurer de lui, puisqu’il est maître absolu dans une place assiégée où il peut faire la paix ou la guerre sans savoir si la république existe, si elle représente la volonté de la France. S’il a l’âme d’un héros, il se laissera emporter par le souvenir de nos anciennes gloires, par l’amour du pays, par la fierté patriotique ; sinon, un de ces matins, il se rendra en disant comme sont maître à Sedan :

— Je suis las.

Ou il fera une brillante sortie au cri de « mort à la république ! » Et s’il avait la chance de gagner quelque grande victoire sur l’Allemagne, que ferait la république ? Elle a cru l’avoir dans ses intérêts, parce qu’elle a désiré lui voir prendre le commandement, parce qu’elle a placé en lui sa confiance. Il ne lui en a pas su gré, il la