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et sa sœur, et qu’il avait dans le caractère une certaine roideur conciliable avec des sympathies particulières, enfin que je gagnerais bientôt sa confiance et son attachement.

Je voulus passer encore cette nuit auprès de M. Butler ; après quoi, m’étant bien assuré qu’il entrait en convalescence, je dus, en raison des convenances, retourner auprès de ma mère pour deux ou trois jours. Les convenances sont toujours funestes au sentiment. Si je fusse resté à Bellevue, j’aurais peut-être conquis le cœur que je n’avais fait que surprendre.

Je trouvai à la Roche une espèce de réunion de famille. On s’étonnait de mon absence, et ma mère avait beau dire que, M. Butler étant gravement malade, j’avais le droit d’aller tous les jours chez lui : on savait déjà que j’y avais passé plusieurs nuits, et on s’inquiétait de cette assiduité.

— C’est donc un mariage arrêté, décidé, à la veille d’être conclu ? D’où vient que nous l’apprenons par la clameur publique ? Mais, comme vous ne nous en avez pas prévenus, comme vous ne nous en faites point part, nous craignons que ce ne soit une folie du jeune homme, une sottise de la demoiselle. Est-elle d’assez bonne maison pour épouser un de la Roche ? Le père a-t-il réellement la fortune qu’on lui prête