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propre souffrira. Que voulez-vous que je vous dise ? Alors ne pensez plus à moi et ne revenez pas.

— Vous en parlez à votre aise, vous à qui cela serait parfaitement égal !

— Je ne dis pas cela. Je penserai peut-être que j’ai passé à côté de mon bonheur ; cependant, comme je n’en serai pas absolument sûre, j’aimerai mieux cela que de vous avoir trompé en vous donnant des espérances à la légère.

Le bon sens de miss Love en toutes choses était sans réplique, et, si sa tranquillité était un peu choquante, du moins sa droiture inspirait une confiance très-précieuse. Résolu à ne point renoncer à elle, j’acceptai telles épreuves qu’il lui plairait de m’imposer.

Je la quittai ce jour-là en me disant qu’après tout je n’étais pas assez amoureux d’elle pour que son refus dût me mettre au désespoir. Il en fut de même à nos entrevues de la semaine suivante. Chaque fois que je la quittais, je me sentais plein d’amitié et de sympathie pour elle ; sa raison et sa droiture éteignaient le feu qui me consumait dans l’intervalle de mes visites.

C’était là un phénomène des plus étranges. À mesure que je m’éloignais de Bellevue, et que, perdant le souvenir trop distinct de ses paroles et de son attitude