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risques, mais l’idée de perdre mon père et de me trouver, à l’âge où je suis, l’unique soutien de mon frère, m’a fait peur. J’ai réfléchi tout en pleurant ; je crois que mon devoir est de chercher un appui pour nous deux, et même j’en ai senti le besoin. Ne me demandez rien de plus aujourd’hui. Je ne peux pas savoir si vous serez pour moi ce soutien-là. Vous vous offrez, c’est généreux, et je vous en remercie, mais, comme vous avez aussi le devoir de soigner votre mère souffrante, j’ignore si je dois accepter. Permettez-moi d’y réfléchir et de vous connaître davantage. Revenez souvent, puisque mon père vous y autorise.

— C’est mon vœu le plus cher que de vous voir tous les jours, mais, dans l’incertitude où vous êtes, ne craignez-vous pas ce que l’on pourra dire et penser de mes visites ?

— Pour moi… cela m’est égal. Je n’y songe pas. Que voulez-vous qu’on dise ?

— Que vous m’avez donné des encouragements.

— Eh bien, après ? Vous voyez, je vous en donne ; pas beaucoup, il est vrai, mais un peu, et quel mal y a-t-il, puisque tous deux nous sommes sincères ? Ah ! j’y songe : si je vous dis non après que vos visites auront fait connaître vos intentions aux personnes de votre monde et dans votre voisinage, votre amour-