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pour elle-même et comme détachée de sa propre vie, elle était positive quand il s’agissait de la mienne.

Je m’endormis résigné à mon bonheur. Il me semblait ne voir en miss Love qu’une figure de keepsake, mais, chose étrange, je rêvai toute la nuit que j’en étais amoureux fou. Elle m’apparut élégante et hardie en amazone sur son poney à l’œil sauvage, gracieuse et séduisante dans sa robe blanche flottante. Je ne la connaissais pas mieux dans mon rêve d’amour que dans la réalité, je la connaissais même moins bien, car j’oubliais l’expression un peu rigide de sa physionomie ; je ne voyais plus que la beauté qui bouleverse les sens et qui énerve la réflexion. Je la possédais, j’étais ivre. Je me croyais heureux.

Je m’éveillai si ému, que la journée me parut mortellement longue. Celle qui suivit fut un véritable supplice, et, pendant que ma mère me parlait des améliorations que la dot de ma femme me permettrait de faire à notre manoir et à notre propriété, je n’entendais pas, je ne voyais rien autour de moi ; j’avais des tressaillements étranges, une impatience fiévreuse de revoir la jeune magicienne devant laquelle j’étais resté froid, mais dont le souvenir s’était attaché à moi comme un enchantement et comme un délire.

Le troisième jour enfin, me croyant maître de moi-