Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/299

Cette page n’a pas encore été corrigée

sions, auprès desquelles je ne lui paraîtrais plus qu’une vieille fille desséchée par les veilles et adonnée à des études rebutantes chez une personne de mon sexe.

— Mais ne croyez donc pas cela ! s’écria enfin Junius avec feu. Il dédaignera d’autant moins une femme savante qu’il est savant lui-même. Ce sont les ignorants qui ont peur de la supériorité d’une femme, ce sont les imbéciles qui demandent une compagne bornée, ce sont les sots qui veulent jouer le rôle de pacha et jeter le mouchoir à des odalisques dégradées. Un homme de cœur et d’esprit veut vivre avec son égale, la respecter comme sa mère ou comme sa sœur, en même temps que la chérir comme sa femme. Il veut être fier d’elle, et il me semble, à moi, que, si j’avais des enfants d’une idiote, je me ferais reproche de les avoir mis au monde, tant je craindrais qu’ils ne fussent idiots.

La langue du bon Junius s’était déliée sous l’empire d’une honnête conviction. Love l’écoutait attentivement.

— Vous avez raison, reprit-elle, cela devrait être ainsi ; mais cela n’est pas ainsi, mon cher monsieur Black. Il y a et il y aura longtemps encore un préjugé contre les femmes qui ont reçu de l’instruction et à qui l’on a appris à raisonner leur devoir. Moi, si