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soin l’excès de votre passion : n’était-elle pas assez à plaindre sans cela ?

— Love n’a rien ignoré : je lui écrivais.

— Love n’a pas reçu vos lettres. M. Louandre les remettait à son père, qui les lui rendait sans les lire.

— Alors je vois qu’en effet elle a été moins cruelle pour moi que je ne le pensais. Peut-être n’ai-je le droit de lui adresser aucun reproche ; il n’en est pas moins vrai qu’elle m’a oublié, et que dernièrement encore elle se félicitait d’avoir conservé sa liberté : on me l’a dit !

— Et on ne vous a peut-être pas trompé. Eh bien, quand cela serait ? De quel droit exigiez-vous une douleur incurable quand vous quittiez la partie ? Et qu’est-ce donc que votre amour, mon cher monsieur, si vous n’avez pas l’humilité de vous dire que miss Love était une personne au-dessus de tous et de vous-même ? Si, par votre force morale et par la culture de votre intelligence, vous êtes devenu digne d’elle, n’est-il pas de votre devoir de chercher à vous faire apprécier et chérir ? Que diable ! je ne suis amoureux d’aucune femme, moi, Dieu merci ! mais, si j’aspirais à une femme comme elle, je serais plus modeste que vous ; je ne lui ferais pas un crime d’avoir passé cinq ans sans idolâtrer mes perfections. Je me dirais qu’apparemment j’en avais fort peu, ou que je n’ai