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XXIV


Je me retirai furieux dans l’antichambre, et on renvoya la servante. M. Butler et son fils s’installèrent dans la chambre de Love, et, pendant deux ou trois heures, ils travaillèrent ensemble avec une désespérante tranquillité. J’étais sur des charbons ardents, et j’essayais en vain de lire à la dérobée les journaux du matin, que j’allais sans bruit prendre dans le salon qui nous séparait ; mais j’étais en quelque sorte identifié avec mon personnage, et je ne savais plus lire. Que m’importait d’ailleurs ce monde des faits européens auquel j’avais cru devoir m’intéresser vivement après des années de lointaine absence ? La République venait d’être proclamée, je le savais et ne le comprenais pas, n’ayant suivi qu’à bâtons rompus, et longtemps après coup, la marche des événements et la transition des idées. Il n’y avait pour moi qu’un intérêt au monde, celui de savoir si j’étais aimé ou méprisé par cette femme. Mes pareils devaient se désespérer, se croire sous le couteau de la guillotine. Je ne partageais pas leurs terreurs. Il m’eût suffi des réflexions que j’entendais sortir de la bouche de M. But-