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fiance envers les femmes. Il les considérait comme des êtres frivoles et dépravés. Son orgueilleuse austérité dominait déjà la révolte des sens, et il était facile de voir que, considérant Love comme une exception, il souffrait de l’idée qu’elle pût descendre aux soins de la famille comme une femme ordinaire. Pourtant, quand je lui fis observer que cette grande intelligence ne dédaignait pas de le servir et de le soigner, ce qui était sans doute fort heureux pour lui, il ne sut que répondre et se mordit les lèvres.

Heureusement pour cette jeune âme, incomplétement épanouie dans la trop douce atmosphère de la gâterie, il y avait en elle, ainsi que je l’avais déjà remarqué la veille, un très-noble développement de l’idée du devoir. L’enfant, à défaut des gracieuses sensibilités de l’adolescence, avait des principes au-dessus de son âge, et, quand il avait réfléchi, pour peu que l’on essayât d’éclairer son jugement, il revenait à sa logique tout anglaise, qui était de respecter la liberté des autres pour faire respecter la sienne propre.

Tout en l’amenant à faire devant moi, espèce de borne intelligente dont il ne se défiait plus, son examen de conscience, je comparais intérieurement son adolescence avec la mienne. Émancipé, comme lui, de toute contrainte par une mère absorbée dans ses