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et j’espère que vous ne tarderez pas à revenir en France.

» Hope Butler. »

Je remarquai la prudence et la clarté de cette lettre, qui devait me rendre l’espérance sans compromettre personne. Dans le cas où j’aurais cessé d’aspirer à la main de Love, on pouvait mettre les avances que je recevais sur le compte de la simplicité d’un adolescent, et, dans tous les cas, la lettre pouvait être égarée ou montrée sans être comprise par les indifférents.

Cette généreuse et soudaine résolution me donna pourtant à réfléchir. Je craignais de la part de Hope que ce ne fût une réparation désespérée de ses fautes, suivie de quelque funeste parti pris. Je retournai près de lui pour lui dire que j’avais fait sa commission sans être vu, et que, d’après l’heure, je pensais que son père devait songer à se remettre en route. Je le trouvai calme et presque souriant. Son orgueil était satisfait. Il se leva sans rien dire et revint au hangar autour duquel M. Butler errait en consultant de l’œil tous les sentiers ; mais le pauvre père s’arma d’un flegme britannique en voyant reparaître l’enfant de ses entrailles. Hope alla droit à lui et lui tendit la main. Ils échangèrent cette étreinte de l’air de deux gentlemen qui se réconcilient après une affaire d’honneur, et