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une cabane d’Auvergne, je pus ne pas souffrir de la malpropreté, bien que, rompu à toutes sortes de misères, et à de bien pires que celles-là, je me fusse d’avance résigné à tout.

Il s’agissait pour François de se faire agréer pour guide à la famille Butler, qui ne le connaissait pas. Bien qu’elle fût venue plusieurs fois au Mont-Dore, le hasard avait voulu qu’elle n’eût jamais affaire à lui, et elle ne manquerait pas de redemander ses anciens guides. Il fallait donc décider ceux-ci à nous laisser briguer la préférence, et empêcher tous les autres de faire un mauvais parti à ma nouvelle figure. Ce que François mit en œuvre de prévoyance, de diplomatie et d’imagination, je ne m’en occupai nullement, si ce n’est pour payer sans discussion la condescendance et la discrétion de nos compétiteurs.

Le surlendemain de mon arrivée, tout était arrangé avec d’autant plus de promptitude que le service des guides, porteurs de chaises et loueurs de chevaux » n’était pas encore réorganisé. La saison des bains, qui est aussi celle des touristes, ne commence au plus tôt qu’au 15 juin, quand le temps est beau : nous n’étions qu’au 1er, et le temps était affreux. Durant les dix mois de l’année où les pauvres montagnards de cette région ne vivent pas de la dépense des étrangers, ils exercent une industrie ou une profession quelconque. Aussi