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passai la nuit, et, le lendemain, après m’être informé de ce que je voulais savoir, je partis dans la direction d’Issoire.

La famille Butler s’était mise en route pour une tournée botanique ou géologique, comme elle en faisait tous les ans, soit au printemps, soit à l’automne. Je m’étais fait dire son itinéraire ; j’étais résolu à le suivre. Je voulais revoir Love sans qu’elle me vît. Il me fallait absolument savoir si je l’aimais encore, et, dans le cas contraire, c’est-à-dire si sa présence ne m’inspirait plus rien, j’avais tout à gagner à me débarrasser une fois pour toutes de l’obsession de son souvenir.

J’arrivai à Issoire, où les Butler avaient passé la nuit. Ils étaient repartis le matin même, mais sans qu’on sût où ils s’arrêteraient sur la route des monts Dore par Saint-Nectaire. Ils voyageaient à petites journées dans leur voiture, avec leurs chevaux, leur cocher et un domestique. Ils allaient fort lentement, comme on peut aller dans un pays où l’on ne compte pas par lieues, mais par heures de marche. Ils s’arrêtaient dix fois par étape pour examiner, disait-on, les cailloux ou les mouches du pays. Je pris une nuit de repos à Issoire, et, le lendemain, je partis pour Saint-Nectaire.

J’étais toujours à pied, guignant tous les passants.