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frivoles ou l’injure systématique des cerveaux rétrogrades, et, sans perdre le respect dû à toute conviction naïve, répondre à tous : « Vous n’avez pas regardé assez avant pour bien voir l’utilité de mon courage et le résultat final de ma mission. »

Selon nous, l’artiste doit donc se dire qu’il lui a toujours été et qu’il lui sera toujours commandé d’utiliser son expérience et de tracer la peinture du cœur humain tel qu’il a battu en lui-même, ou tel qu’il s’est révélé à lui chez les autres dans les grandes antithèses de la vie. Le goût, qui est une règle d’art, et le respect des personnes, qui est une règle de conduite, exigent seulement de lui une fiction assez voilée pour ne désigner en aucune façon la réalité des personnages et des circonstances. S’il ne s’est jamais écarté de ce principe facile et simple, il est en droit de répondre — à quiconque se permettra de l’interroger et de le commenter publiquement — qu’une telle recherche est brutale, inconvenante, mortelle pour la dignité de la critique et attentatoire à la liberté de l’écrivain ; qu’en outre elle est maladroite, puisque ceux qui prétendent deviner une figure de roman et s’offenser de quelque ressemblance trahissent imprudemment et misérablement un secret que l’auteur avait gardé, et livrent au public des révélations qui ne lui étaient pas destinées. Ces déplorables vengeurs