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M. Louandre arriva. Je défendis à Catherine d’avertir qui que ce fût de mon retour, et j’allai m’asseoir dans la salle à manger, dont je tins les jalousies presque fermées. Quelques instants après, j’entendis Catherine dire au notaire, conformément à mes ordres :

— Oui, oui, entrez ! vous déjeunerez ensemble. C’est un étranger, un voyageur qui vous apporte des nouvelles de M. le comte.

— Ah ! enfin ! De bonnes nouvelles ? s’écria M. Louandre en venant à moi. Parlez vite, monsieur. Il n’est pas mort ?

— Non, monsieur, il vit et il se porte bien.

Le son de ma voix fit tressaillir le notaire. Il le reconnaissait, et pourtant, comme ce n’était plus absolument le même, comme j’avais tout à fait perdu un certain accent du terroir qui ne se perd jamais tant qu’on y réside, il resta perplexe et me regarda avant de me faire une seconde question ; mais ma figure lui causa les mêmes doutes, et, quand j’eus répondu que Jean de la Roche songeait en effet à revenir, il alla ouvrir la persienne et me contempla avec attention. Il lui fallut bien une minute pour être sûr de son fait. Puis tout à coup il se jeta dans mes bras avec la confiance d’un cœur fidèle, et, comme Catherine, il pleura ; mais il ne fut pas d’accord avec elle sur le