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— C’est possible, mais sa sœur vous aime ; elle ne craint pas de se compromettre en vous écrivant. Je vois dans cette infraction aux convenances l’élan d’une belle âme. C’est à nous de lutter avec elle contre les obstacles de son intérieur, et de lui bien dire que nous ne doutons pas d’elle. Nous irons la voir, vous dis-je, nous irons dans deux ou trois jours.

Ma mère pensait engager encore plus la parole de Love par cette démarche, mais les événements la lui interdirent. Le médecin de M. Butler arriva au moment où nous nous disposions à partir pour Bellevue. Il venait, de la part de M. Butler et de sa fille, nous dire que Hope avait une fièvre nerveuse assez inquiétante, et il était chargé de nous en apprendre confidentiellement la cause. L’enfant, voyant que sa sœur allait se marier, était tombé dans une sorte de désespoir. Cela était fort injuste, fort blâmable à coup sûr, le père comptait l’en reprendre, la sœur espérait pouvoir passer outre, mais avant tout il fallait guérir le petit malade, lui épargner tout sujet de chagrin, paraître céder à sa fantaisie. Donc, je ne devais point songer à retourner à Bellevue avant huit jours. Jusque-là, le médecin promettait de m’envoyer fréquemment un bulletin de sa santé.

— Vous voyez, dis-je à ma mère quand il fut parti. Tout est perdu ! Cet enfant mourra si elle lui ré-