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jean ziska.

ture prédit des persécutions, des erreurs, des scandales, n’auront plus de sens.

10. « Dans ce temps-là, les femmes engendreront par l’amour sans que les sens y aient part, et elles enfanteront sans douleur. »

Nous avons essayé de reconstruire la suite de cette prédiction, dont les articles nous sont transmis dans un tel désordre qu’elle n’aurait pas de sens. Je soupçonne quelque malice de l’université calixtine dans cette interversion. Il y a dans la prédiction et dans les préceptes qu’elle entraîne deux phases bien distinctes : une de zèle, de fureur et de cruauté, où tous les excès du fanatisme sont sanctifiés dans le but d’amener le règne de Dieu annoncé dans la seconde ; et dans cette seconde, toutes les prescriptions sont d’amour et de fraternité. En entremêlant les articles consacrés à formuler ces deux phases, le jugement dernier et le prochain paradis sur la terre, on a fait du ciel des Taborites un enfer, et de leur idéal de perfection un coupe-gorge. Mais il suffit du plus simple bon sens pour rétablir le sens et l’ordre logique de cette profession de foi.

Après cette double prédiction vient, dans le Manuscrit de Breslaw, une série de prescriptions qui ont le plus grand rapport avec celles des Vaudois et des Lollards. Si l’on veut se rendre un compte exact des trois ou quatre cents articles qui furent condamnés par l’Église, chez toutes les sectes du joannisme et chez celle des Taborites en particulier, on le peut faire soi-même en prenant le contre-pied de tous les préceptes de la discipline catholique. « Point de prélats, c’est-à-dire point de richesses dans L’Église. Point de distinctions, point d’autorité pour elle dans la société laïque, point d’intervention dans les actes de cette société pour les sacrements. Point de temples ; la prière en pleins champs, au sein de la nature,