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jean ziska.

jeune fille taborites firent des prodiges de valeur, et tombèrent percées de coups, sous les pieds des chevaux, ayant refusé, à plusieurs reprises, de se rendre. Cependant le nombre des assiégeants grossissait toujours ; et Ziska était aux abois, lorsque les Taborites de la nouvelle ville, conduits par Jean le Prémontré, qui portait le calice en guise d’étendard, s’élancèrent à la défense de leur chef, et repoussèrent les Impériaux avec perte, quoiqu’à chaque instant l’empereur leur expédiât de nouveaux détachements. Il fallut abandonner l’attaque ce jour-là. Quelques jours après, la main d’une femme acheva la défaite des Impériaux. Une Praguoise taborite s’introduisit, la nuit, dans leur camp, par un grand vent, et mit le feu aux machines de siège. Beaucoup de richesses et d’effets de grand prix furent consumés ; mais ce qui causa la plus grande perte, en cette circonstance, fut l’incendie de toutes les échelles. L’armée impériale fut consternée de ce dernier échec, et l’empereur, effrayé, leva le siège le 30 juillet. Il avait duré un mois, durant lequel ceux de Prague, pour montrer qu’ils n’avaient pas peur, ne fermaient les portes ni jour ni nuit. Le jour même de son départ, il fit la misérable bravade de se faire couronner roi de Bohême, dans la forteresse de Saint-Wenceslas, par l’archevêque Conrad. Il créa plusieurs chevaliers, et, en s’en allant, il enleva les trésors que son père et son frère avaient cachés à Carlstein, et les lames d’or et d’argent dont les tombeaux des saints étaient couverts, dans la basilique de Saint-Wenceslas. Il engagea plusieurs villes de Bohême au duc de Saxe pour payer ses troupes, les joyaux de la couronne à des banquiers, et les reliques impériales aux Nurembergeois.

La retraite de Sigismond fut désastreuse. Harcelé par les Hussites, de défaite en défaite, il regagna la Hongrie,