Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
jean ziska.

resse pour empêcher tout secours de troupes et de vivres, couper tous les arbres de l’archevêché, afin de découvrir les mouvements de l’ennemi, et les Praguois renouvelèrent avec transport le serment de ne jamais recevoir Sigismond.


VII.


Les forteresses de Prague qui tenaient pour l’empereur paraissaient imprenables, et, comptant sur l’approche de l’armée impériale, se riaient des préparatifs de cette populace. La garnison de Wisrhad regardait tranquillement les femmes et les enfants qui travaillaient jour et nuit à creuser un large fossé entre le fort et la ville. « Que vous êtes fous ! leur disaient-ils du haut de leurs murailles ; croyez-vous que des fossés vous puissent séparer de l’empereur ? vous feriez mieux d’aller cultiver la terre. »

Cependant les Taborites n’étaient plus seulement le corps d’armée campé à Tabor ; c’était une secte nombreuse et puissante. Plusieurs villes prenaient le nom de taborites, et la nouvelle doctrine se répandait dans toute la Bohême. Cette prétendue nouvelle doctrine, que les Calixtins accusaient de renchérir par trop sur les hardiesses de Jean Huss, n’était qu’un retour aux prédications des Vaudois, bien antérieures à celles de Jean Huss et de Wicklef lui-même. Nous verrons bientôt leurs articles. En attendant Sigismond, une vive fermentation des esprits amena beaucoup de ces phénomènes de l’extase que l’on retrouve dans toutes les insurrections religieuses. L’enthousiasme patriotique vibra sous cette pression du véritable magnétisme, de la foi, et des populations entières se levèrent à l’appel des nouveaux prophètes pour courir à la guerre sainte. La grande prophétie taborite qui fanatisa la Bohême à cette époque fut l’an-