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jean ziska.

sommes ici, il n’y a que nous trois qui ayons connaissance du trésor. Quand il en meurt un des trois, on confie le secret à un autre, et nous sommes de serment de n’ouvrir le trésor à âme vivante. D’ailleurs, l’accès en est fort dangereux et ne convient point à Votre Majesté. »

L’empereur demanda qu’ils l’associassent, lui quatrième, à la prestation du serment et à la connaissance du trésor. Les moines inquiets délibérèrent encore ; et, n’osant ni refuser, ni consentir, lui proposèrent de deux choses l’une, ou de voir le trésor sans voir le lieu, ou de voir le lieu sans voir le trésor.

Montrez-moi seulement le trésor, dit l’empereur, et je serai content.

Il faut donc, dirent les moines, que vous vous abandonniez à notre conduite.

Mes chers pères, dit l’empereur, ma vie est entre vos mains.

Là-dessus, ils prennent l’empereur par la main, le mènent dans un enclos obscur (conclave), pavé de briques, allument deux cierges, lui mettent un capuchon baissé sur la tête, de sorte qu’il ne pouvait voir que ce qui était à ses pieds ; ensuite les moines ayant levé quelques briques, il aperçut confusément une caverne très-profonde où il lui fallait descendre. Quand il fut arrivé en bas, les moines le tournèrent et le retournèrent jusqu’à ce qu’il en fût étourdi. Alors ils le conduisirent dans une cave souterraine longue de deux rues. Enfin ils lui ôtèrent son capuchon et le menèrent dans une chambre pleine d’argent en lingots, d’or en barres, de croix, de paix (pacificalia), et d’autres ornements d’église enrichis de pierreries, et quantité d’autres joyaux.

« Sire, dit alors l’abbé, tous ces trésors sont à vous ;