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jean ziska.

Ces pièces coururent toute l’Allemagne, et irritèrent violemment le pape et les cardinaux. Jean Dominique, légat du pape, fut si mal reçu en Bohême, qu’il écrivit au pontife et à l’empereur : Les Hussites ne peuvent être ramenés que par le fer et par le feu. Sigismond ne voulut pas se hâter de ruiner un royaume qu’il regardait comme sien. Il hésita, et la révolution n’attendit pas qu’il eut pris son parti.

Elle commença religieusement par instituer un anniversaire commémoratif de la mort du martyr Jean Huss (6 juillet), et par faire célébrer ses louanges dans toutes les églises ; puis elle frappa des médailles en son honneur, et l’Université, qui était à la tête du mouvement, publia sa déclaration de foi, la première formule du hussitisme.

Cette déclaration, signée de maître Jean Cardinal et de toute l’Université, ne porte absolument que sur le droit auquel prétendent les hussites de communier sous les deux espèces, conformément à l’institution de Christ, à ses propres paroles, à celles de saint Jean et aux principes purs de la saine orthodoxie. Ils traitent le retranchement de la coupe de constitution humaine, nouvellement inventée et inconnue aux sacrés canons ; pardonnent à ceux qui, par ignorance et simplicité, se sont soumis jusque-là à cette ordonnance, et finissent par déclarer que désormais il ne faut avoir égard à ce dogme d’invention humaine, et s’en tenir à la doctrine de Jésus, qui doit l’emporter sur toute puissance insidieuse et redoutable, sur toutes comminations et terreurs.

Une telle déclaration ne paraissait pas devoir entraîner de grands orages. Les orthodoxes romains n’y trouvaient pas beaucoup à redire, sinon que « si ce n’était point une hérésie en soi de communier sous les deux espèces, c’en