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WERTHER




À PROPOS DE LA TRADUCTION DE WERTHER PAR PIERRE LEROUX[1]

C’est une chose infiniment précicuse que le livre d’un homme de génie traduit dans une autre langue par un autre homme de génie. Que ne donnerait-on pas pour lire tous les chefs-d’oeuvre étrangers traduits ainsi ! C’est lorsque de grands écrivains ne dédaigneront pas une si noble tâche, que nous posséderons véritablement l’esprit des maîtres, et que nous participerons au génie des autres nations.

C’est que, pour traduira une œuvre capitale, il faut la juger, la sentir profondément. Pour le faire d’une maniere complète, il faudrait presque être l’égal de celui qui l’a créée. Quelle idée pouvons-nous donc nous former de Shakspeare, de Dante, de Byron ou de Goethe, si leurs ouvrages nous sont expliqués par des écoliers ou des manœuvres ?

Plusieurs traductions de Werther nous avaient passé sous les yeux, et ce livre sublime nous était tombé des mains. Avec grand effort de conscience, et en nous con-

  1. Édition Hetzel ; in-80 Illustré d’eaux-fortes par Tony Johannot.