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qui composent la société français. D’où il suit qu’en résultat la révolution du xviiie siècle n’a été, politiquement parlant, que le développement et le complément de celle du xiie, puisqu’elle a mis tout entier entre les mains de la bourgeoisie le gouvernement dont celle-ci avait déjà conquis une partie, et qu’elle n’a constitué le peuple que sous le rapport civil et non sous le rapport politique.

Ensuite est-il vrai que la puissance ait toujours été le prix de l’intelligence et du travail ? Les longues files de rois imbéciles et paresseux qui se succèdent dans toutes les monarchies absolues, la domination des conquérants sur les peuples conquis, l’énorme prépondérance de toutes les inutiles et ignorantes aristocraties qui se dressent encore de toutes parts au-dessus des populations laborieuses, ne relèguent-elles pas votre assertion au rang des paradoxes ?

Nous arrivons à cette heure au côté pratique de la question.

« M. de La Mennais, entraîné par de nobles passions, veut-il, du sein de l’extrême misère, pousser le peuple à l’extrême grandeur ? Veut-il lui faire exclusivement gouverner la société ? Nie-t-il la souveraineté de l’intelligence et la nécessité de son intervention dans la fondation du droit social ? »

D’abord, pour nous entendre sur le fond, il est bon de nous entendre sur les mots.

Vous reconnaissez, je pense, avec-nous, qu’aujourd’hui il n’existe plus réellement que deux classes dans la société française, la bourgeoisie et le peuple.

Or, qu’est-ce que la bourgeoisie et le peuple ?

Pour l’un, formulant la définition qui ressort du livre de M. de La Mennais, nous dirons : Le peuple est tout ce qui ne possède que par son travail et relativement à son travail, — et, pour l’autre, déduisant la seconde défini-