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xiie siècle, et cette révolution générale du xviiie, que vous dites avoir constitué, l’une la bourgeoisie, l’autre le peuple, aient été accomplies spontanément par la royauté et l’aristocratie, dans le seul intérêt de la justice et dans le seul but de reconnaître à propos la souveraineté de l’esprit humain. Je vois au contraire que ce n’est qu’à leur corps défendant qu’ils ont laissé creuser, par leurs inférieurs politiques, ces abîmes où sont allés s’engloutir leurs priviléges et leur domination ; et de là je conclus plus fortement que la bourgeoisie, maîtresse à son tour du gouvernement tout entier, n’en cédera au peuple que ce que celui-ci lui en pourra arracher. Le pouvoir politique est comme une ville forte, fermée de toutes parts, où l’on n’entre jamais que d’assaut.

Maintenant, revenant un peu sur nos pas, nous vous ferons remarquer la différence que nous croyons apercevoir entre les résultats des deux révolutions que vous avez rappelées. Nous reconnaissons bien avec vous que la révolution communale du xiie siècle a constitué la bourgeoisie, non pas complétement, il est vrai, puisque la bourgeoisie restait encore inférieure à la royauté, à la noblesse et au clergé, mais du moins solidement, sous le rapport civil et sous le rapport politique, puisqu’elle fit à la fois garantir droits individuels et reconnaître ses droits gouvernementaux en une certaine mesure. C’est sur la révolution générale du xviiie siècle que nous tombons en désaccord. La convention avait, il est vrai, constitué le peuple à la fois sous le rapport civil et sous le rapport politique, et lui avait fait sa juste part dans la vie générale. Mais de cela qu’est-il resté ? Une charte qui déclare que tous les Français sont égaux devant la loi, et qui ne reconnaît comme ayant droit à une influence et à une participation quelconque dans le gouvernement, que deux cent mille citoyens, sur les trente-quatre millions