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choses qu’il veut substituer à l’ancien, et généralement au triomphe fatal et à la prédominance nécessaire de la bourgeoisie dans notre siècle. C’est cette dernière conclusion, nous le croyons, qui est le corollaire de votre discussion, et qui doit devenir la base de la nôtre.

Prenant d’abord la question à son point de vue philosophique, nous vous demanderons comment, reconnaissant, ainsi que vous le faites, en principe la souveraineté du peuple, identifiée avec la souveraineté de l’esprit humain, et définissant le peuple le genre humain, ou plus particulièrement tous les membres quelconques d’une société, vous placez cette souveraineté du peuple ailleurs que dans la collection des souverainetés individuelles ? De deux choses l’une : ou vous reconnaissez que tous les hommes, et par conséquent tous les membres quelconques d’une société représentent plus ou moins la puissance de l’esprit humain, et alors vous êtes obligé de leur accorder à tous une part plus ou moins grande dans la direction de la société qu’ils composent, et par conséquent vous ne pouvez mettre la souveraineté du peuple ailleurs que dans la collection des souverainetés individuelles ; ou bien, si vous voulez refuser à certains une part quelconque dans la direction de la société dont ils sont membres, vous êtes obligé de leur dénier aussi une part quelconque dans la représentation de l’esprit humain, et alors vous les reléguez au rang des brutes. De là votre système mène droit à l’esclavage ; car l’homme social ne peut exister qu’à la condition d’avoir de doubles rapports, les uns vis-à-vis de lui-même, les autres vis-à-vis de la société. Il vit à la fois d’une vie particulière comme individu, et d’une vie générale comme citoyen, sans qu’il soit possible de séparer la première de la seconde. Donc, si certains membres de la société sont indignes d’exercer l’une, ils sont nécessairement inca-