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Deux Mondes, sur le nouveau livre de M. de La Mennais, c’est que nous y voyons ce livre attaqué au nom de doctrines philosophiques et politiques dont l’importance nous paraît devoir être débattue. Ce n’est pas le livre que nous venons défendre, mais ses principes, qui sont en bien des points les nôtres. Il peut convenir à votre position littéraire et philosophique de combattre les écrits de M. de La Mennais ; il ne convient point à la nôtre de nous constituer l’avocat d’un si grand client. Mais, dans la condamnation réfléchie de M. de la Mennais par un homme de votre mérite, il y a, pour nous servir de vos propres expressions, un fait social dont il faut avoir raison par un examen attentif.

Vous dites que le Livre du Peuple est à la fois « un livre de colère et de mansuétude, de sédition et d’ascétisme, matérialiste et mystique, se détruisant lui-même, sans unité, sans effet possible, sans danger ; appelant, dans sa première partie, le peuple à la domination, et par conséquent aux armes, et le ramenant, dans la seconde, à la résignation et à l’humilité, par conséquent à l’abnégation. » Vous l’accusez de ne pas comprendre la théorie de l’intelligence et des lois de la raison, de mettre la souveraineté du peuple dans la collection des souverainetés individuelles, et de se trouver ainsi d’accord avec les conséquences extrêmes, non pas de la démocratie, mais de la démagogie ; de ne pas voir dans le droit autre chose que la liberté, de détourner et d’employer la parole chrétienne au profit de la souveraineté et de la félicité du peuple, d’avoir méconnu les réalités de l’histoire et de n’en tenir aucun compte ; de prêter à l’avenir, par suite de cette intelligence du passé, les traits les plus incertains. Vous concluez particulièrement à l’obligation, pour M. de La Mennais, de formuler en système, sous peine d’être illogique, le nouvel ordre de