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les premiers torts, je vous pardonne les vôtres. Votre main ?

GABRIEL.

La voici.

(Ils se serrent la main. Le bruit des arrivants se rapproche, Antonio fait signe à Gabriel de s’enfuir. Gabriel hésite un instant et s’éloigne.)

ANTONIO.

C’est pourtant bien là la main d’une femme ! Femme ou diable, il m’a fort mal arrangé !… Mais je ne me soucie pas qu’on sache cette aventure, car le ridicule aussi bien que le dommage est de mon côté. J’aurai assez de force pour gagner mon logis… Voilà pour moi un carnaval fort maussade !… (Il se traîne péniblement, et disparaît sous les arcades du Colisée.)




Scène III.


ASTOLPHE, LE PRÉCEPTEUR.


ASTOLPHE, en domino, le masque à la main.

Je me fie à vous ; Gabrielle m’a dit cent fois que vous étiez un honnête homme. Si vous me trahissiez… qu’importe ? je ne puis pas être plus malheureux que je ne le suis.

LE PRÉCEPTEUR.

Je me dis à peu près la même chose. Si vous me trahissiez indirectement en faisant savoir au prince que je m’entends avec vous, je ne pourrais pas être plus mal avec lui que je ne le suis ; car il ne peut pas douter maintenant qu’au lieu de chercher à faire tomber Gabriel dans ses mains, je ne songe à le retrouver que pour le soustraire à ses poursuites.