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GABRIELLE.

Il est vrai. Mon avenir surtout, qui peut le prévoir ? dans quel labyrinthe sans issue t’es-tu engagé avec moi ?

ASTOLPHE.

Et quel besoin avons-nous d’en sortir ? Errons ainsi toute notre vie, sans nous soucier d’atteindre le but de la fortune et des honneurs. Ne faisons-nous pas ensemble ce bizarre et délicieux voyage, qui n’aura pour terme que la mort ? N’es-tu pas à moi pour jamais ? Eh bien, qu’avons-nous besoin l’un ou l’autre d’être riche et de nous appeler prince de Bramante ? Mon petit prince, garde ton titre, garde ton héritage, je n’en veux à aucun prix ; et si le vieux Jules trouve dans sa tortueuse cervelle quelque nouvelle invention cachée pour t’en dépouiller, console-toi de n’être qu’une femme, pauvre, inconnue au monde, mais riche de mon amour et glorieuse à mes yeux.

GABRIELLE.

Crains-tu que cela ne me suffise pas ?

ASTOLPHE, la pressant dans ses bras.

Non, en vérité ! je n’ai pas cette crainte. Je sens dans mon cœur comme tu m’aimes.