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Oui ! si j’avais le bonheur de posséder une femme jeune et belle, je ne voudrais pas qu’elle s’exposât ainsi…

(Gabrielle se lève.)
SETTIMIA, d’une voix sèche et aigre

Vous êtes déjà lasse de notre compagnie ?

GABRIELLE.

J’ai aperçu Astolphe dans l’allée de marronniers ; il m’a fait signe, et je vais le rejoindre.

FRÈRE COME, bas

Vous accompagnerai-je jusque là ?

GABRIELLE, haut

Je veux aller seule.

(Elle sort. Frère Côme revient vers les autres en ricanant.)
FRÈRE COME.

Vous l’avez entendue ? Vous voyez comme elle me reçoit ? Il faudra, Madame, que votre seigneurie me dispense de travailler à l’œuvre de son salut : je suis découragé de ses rebuffades : c’est un petit esprit fort, rempli d’orgueil, je vous l’ai toujours dit.

SETTIMIA.

Votre devoir, mon père, est de ne point vous décourager quand il s’agit de ramener une âme égarée ; je n’ai pas besoin de vous le dire.

BARBE, se lève, met ses lunettes sur son nez, et va examiner le métier de Gabrielle

J’en étais sûre ! pas un point depuis hier ! Vous croyez qu’elle travaille ? elle ne fait que casser des fils, perdre des aiguilles et gaspiller de la soie. Voyez comme ses écheveaux sont embrouillés !

FRÈRE CÔME, regardant le métier

Elle n’est pourtant pas maladroite ! Voilà une fleur tout à fait jolie et qui ferait bien sur un devant d’autel.