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qui voudrait avoir la fine ceinture et la peau d’albâtre de Votre Altesse !

(Gabriel fait un mouvement d’impatience. Périnne fait de grandes révérences ridicules. À part, en se retirant.)

Je n’y comprends rien. Il est fait au tour ; mais quelle pudeur farouche ! Ce doit être un huguenot !



Scène IV.

GABRIEL, seul, s’approchant de la glace.

Que je souffre sous ce vêtement ! Tout me gêne et m’étouffe. Ce corset est un supplice, et je me sens d’une gaucherie !… je n’ai pas encore osé me regarder. L’œil curieux de cette vieille me glaçait de crainte !… Pourtant, sans elle, je n’aurais jamais su m’habiller. (Il se place devant le miroir et jette un cri de surprise.) Mon Dieu ! est-ce moi ? Elle disait que je ferais une belle fille… Est-ce vrai ? (Il se regarde longtemps en silence.) Ces femmes-là donnent des louanges pour qu’on les paie… Astolphe ne me trouvera-t-il pas gauche et ridicule ? Ce costume est indécent… Ces manches sont trop courtes !… Ah ! j’ai des gants !… (Il met ses gants et les tire au-dessus des coudes.) Quelle étrange fantaisie que la sienne ! elle lui paraît toute simple, à lui !… Et moi, insensé qui, malgré ma répugnance à prendre de tels vêtements, n’ai pu résister au désir imprudent de faire cette expérience !… Quel effet vais-je produire sur lui ? Je dois être sans grâce !… (Il essaie de faire quelques pas devant la glace.) Il me semble que ce n’est pas si difficile, pourtant. (Il essaie de faire jouer son éventail et le brise.) Oh ! pour ceci, je n’y comprends rien. Mais, est-ce qu’une femme ne pourrait pas plaire sans ces minauderies ?

(Il reste absorbé devant la glace.)