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GABRIEL, lui serrant la main.

Merci, Astolphe ; vous m’ôtez un grand poids de la poitrine.

ASTOLPHE.

C’est donc pour me rencontrer que tu avais été ce soir à la taverne ?

GABRIEL.

On m’avait dit que vous étiez là tous les soirs.

ASTOLPHE.

Cher Gabriel ! et tu as failli être assassiné dans ce tripot ! et je l’eusse été, moi, peut-être, sans ton secours ! Ah ! je ne t’exposerai plus jamais à ces ignobles périls ; je sens que pour toi j’aurai la prudence que je n’avais pas pour moi-même. Ma vie me semblera plus précieuse unie à la tienne.

GABRIEL, s’approchant de la grille de la fenêtre.

Tiens ! le jour est levé : regarde, Astolphe, comme le soleil rougit les flots en sortant de leur sein. Puisse notre amitié être aussi pure, aussi belle que le jour dont cette aurore est le brillant présage !

(Le geôlier et le chef des sbires entrent.)

LE CHEF DES SBIRES.

Messeigneurs, en apprenant vos noms, le chef de la police a ordonné que vous fussiez mis en liberté sur-le-champ.

ASTOLPHE.

Tant mieux, la liberté est toujours agréable : elle est comme le bon vin, on n’attend pas pour en boire que la soif soit venue.

GABRIEL.

Allons ! vieux Marc, éveille-toi. Notre captivité est déjà terminée.

MARC, bas à Gabriel.

Eh quoi ! mon cher maître, vous allez sortir bras des-