Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

GABRIEL.

Il serait plaisant que j’eusse à remercier mon grand-père de ce que je suis son petit-fils ! C’est à lui plutôt de me remercier d’être né tel qu’il me souhaitait ; car il haïssait… du moins il n’aimait pas son fils Octave, et il eût été mortifié de laisser son titre aux enfants de celui-ci. Oh ! j’ai compris depuis longtemps malgré vous : vous n’êtes pas un grand diplomate, mon bon abbé ; vous êtes trop honnête homme pour cela…


LE PRÉCEPTEUR, à voix basse.

Gabriel, je vous conjure…

(On laisse tomber un meuble avec fracas dans le cabinet.)
GABRIEL.

Tenez ! pour le coup, le prince est éveillé. Je vais le voir enfin, je vais savoir ses desseins ; je veux entrer chez lui.

(Il va résolument vers la porte, le prince la lui ouvre et parait sur le seuil. Gabriel, intimidé, s’arrête. Le prince lui prend la main et l’emmène dans le cabinet, dont il referme sur lui la porte avec violence.)




Scène IV.


LE PRÉCEPTEUR, seul.

Le vieillard est irrité, l’enfant en pleine révolte, moi couvert de confusion. Le vieux Jules est vindicatif, et la vengeance est si facile aux hommes puissants ! Pourtant son humeur bizarre et ses décisions imprévues peuvent me faire tout à coup un mérite de ce qui est maintenant lui semble une faute. Puis, il est homme d’esprit avant tout, et l’intelligence lui tient lieu de justice ; il comprendra que toute la faute est à lui, et que son système bizarre ne pouvait amener que de bizarres résultats. Mais quelle