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GABRIEL.

GABRIEL, courant vers la porte.

Comment, peut-être ! et vous me faites languir !…

(Il essaie d’ouvrir. La porte est fermée en dedans.)

Quoi ! il est ici, et on me le cache !

LE PRÉCEPTEUR.

Arrêtez, il repose.

GABRIEL.

Non ! il a remué, il a fait du bruit.

LE PRÉCEPTEUR.

Il est fatigué, souffrant ; vous ne pouvez pas le voir.

GABRIEL.

Pourquoi s’enferme-t-il pour moi ? Je serais entré sans bruit ; je l’aurais veillé avec amour durant son sommeil ; j’aurais contemplé ses traits vénérables. Tenez, l’abbé ; je l’ai toujours pressenti, il ne m’aime pas. Je suis seul au monde, moi : j’ai un seul protecteur, un seul parent, et je ne suis pas connu, je ne suis pas aimé de lui !

LE PRÉCEPTEUR.

Chassez, mon cher élève, ces tristes et coupables pensées. Votre illustre aïeul ne vous a pas donné ces preuves banales d’affection qui sont d’usage dans les classes obscures…

GABRIEL.

Plût au ciel que je fusse né dans ces classes ! Je ne serais pas un étranger, un inconnu pour le chef de ma famille.

LE PRÉCEPTEUR.

Gabriel, vous apprendrez aujourd’hui un grand secret qui vous expliquera tout ce qui vous a semblé énigmatique jusqu’à présent ; je ne vous cache pas que vous touchez à l’heure la plus solennelle et la plus redoutable qui ait encore sonné pour vous. Vous verrez quelle immense, quelle incroyable sollicitude s’est étendue sur vous depuis l’instant de votre naissance jusqu’à ce