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jean ziska.

gneurs catholiques lui avaient tendue, cet homme infatigable, qui tenait tête à Sigismond et à l’archiduc au dehors, aux Catholiques et aux Calixtins au dedans, reprit Graditz, s’empara de la forteresse de Mlazowitz et de Libochowitz, qu’il rasa sans miséricorde ; passa dans le district de Pilsen, y détruisit Przestitz, Luditz ; et, partout harcelé et poursuivi par les seigneurs catholiques et calixtins, mais assisté par les villes de refuge, après avoir fait une course sur l’Elbe, il revint s’emparer de Kolin, ville considérable, à douze lieues de Prague.

Les Praguois passèrent l’Elbe pour le combattre ; « mais Ziska, que Sylvius Æneas appelle un autre Annibal pour ses ruses de guerre, au lieu de faire volte-face, s’enfuit à toute bride, comme s’il eût eu peur, afin de les attirer en certain lieu qu’il connaissait bien. Quand il y fut arrivé, il dit à ses gens : Où sommes-nous ? — A Maleschaux, sur les montagnes, lui répondit-on. — L’ennemi est-il loin ? — Non, il nous poursuit chaudement, il est dans la vallée. — Voici le temps ! dit Ziska ; et, ayant tout disposé pour la bataille, il harangua ainsi ses soldats, monté sur son chariot : « Mes très-chers frères et mes braves compagnons, vous voyez que nous sommes attaqués par des gens que nous avons comblés de bienfaits et sauvés par deux fois des mains de Sigismond. À présent, par un esprit de domination, ils sont avides de notre sang. Courage, donc ; c’est aujourd’hui un jour décisif, où il s’agit, en vérité, de vaincre ou de périr. Il parlait encore, lorsque, averti qu’on voyait flotter les drapeaux ennemis au bas de la montagne, il donna le signal. » Le combat fut acharné ; mais la victoire ne déserta pas l’étendard taborite. Ceux de Prague prirent la fuite, laissant plusieurs milliers des leurs sur le champ