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jean ziska.

comme celles de la régence, une dévotion et un libertinage opposés, en principe, l’un à l’autre. Elles croyaient à la sainteté de leurs bacchanales : elles étaient folles. Fallait-il les brûler ou les plaindre ? Et aujourd’hui qu’on ne brûle plus, ne faut-il pas plaindre et convertir celles qui professent le dogme immonde de la promiscuité ? Heureusement le nombre des hypocrites est si grand, que celui des fous et des folles est très-restreint. Il ne menace point la société comme on a feint de le croire. Le dogme de la promiscuité ne laisse que des traces passagères dans les guerres de religion. Il rentra promptement dans la nuit chaque fois qu’il voulut reprendre à la vie ; et de nos jours, quoi qu’on en dise, il n’a frappé que de malheureuses têtes dévouées à l’erreur, préparées à l’ivresse par quelque défectuosité de l’intelligence. Les plus belles mains ont eu quelquefois des verrues. Les chirurgiens les coupent et les brûlent en vain : elles passent d’elles-mêmes quand l’enfance passe. L’adamisme disparaîtra de la terre quand la véritable loi du mariage sera proclamée.

Pour en revenir à l’histoire du redoutable aveugle, il est probable que Ziska extermina les insulaires de la rivière de Lusinitz[1], par un mouvement spontané d’indignation contre leurs pratiques, et pour se défaire d’un voisinage agressif qui s’était annoncé par des hostilités. Quant aux Picards son intention est plus mystérieuse, et les historiens ne font pas de difficulté de l’attribuer à la pureté de ses principes calixtins. Cependant quand on se rappelle que Ziska, en d’autres temps, s’était montré zélé taborite, qu’il avait donné la communion, qu’il avait prophétisé ; quand on le voit jusque-là vivant en si bonne intelligence, et se rendant si cher à ces Taborites qui

  1. Ou Lausnitz.