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jean ziska.

ques-uns de ceux qui étaient dans leurs sentiments sur l’Eucharistie. L’archevêque les exhortant de nouveau à revenir de leurs erreurs : Ce n’est pas nous qui sommes séduits, répondirent-ils en souriant, c’est vous qui, trompés par le clergé, vous mettez à genoux devant la créature. » Enfin ils furent conduits au supplice ; « et comme on les exhortait à se recommander aux prières du peuple : Ce n’est pas nous, dirent-ils encore, qui avons besoin de prières ; que ceux qui en ont besoin en demandent. Ils furent tous deux jetés dans un tonneau plein de poix ardente. »

Il résulte bien clairement de ces faits que les Calixtins avaient tellement pris le dessus en Bohême, qu’on ne professait plus ouvertement la négation de la présence réelle, et que ceux qui le faisaient subissaient le martyre. Il en résulte clairement aussi que le nombre de ceux qu’on appelait outrageusement Picards (c’était un terme de mépris que les sectes ennemies se renvoyaient depuis longtemps l’une à l’autre, sans qu’aucune voulût l’accepter, si ce n’est peut-être les Adamites de la rivière) était considérable, puisqu’on craignait la fureur du peuple en les immolant devant lui. Les suites du martyre de Loquis le prouveront de reste.

Il n’y avait de commun, entre les principes de Loquis ou des nouveaux Taborites, et ceux d’Adam et de ses adeptes habitants des îles, que la négation de la présence réelle. Voilà sans doute pourquoi les historiens les confondirent, soit par erreur, soit par malice. Les Picards, qui ne différaient guère des Vaudois acceptés depuis longtemps, étaient chers aux Taborites, et tellement mêles à eux, que toute l’armée de Tabor montrait assez, par sa manière de communier sans appareil, sans observer le jeûne, sans exclure les enfants ni les fous, en un mot, sans aucune des prescriptions de l’église calixtine,