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jean ziska.

était dit que ces régents auraient plein pouvoir ; mais la foule de réticences et de cas réservés qui suit cet article montre la mauvaise foi des catholiques ; ce sont autant de portes ouvertes pour s’échapper quand le vent de la fortune fera flotter les étendards de ces nobles vers un autre point de l’horizon. En cas de division dans le conseil des régents, la diète constituait deux prêtres comme conseils. L’un de ces deux prêtres dictateurs mourut de la peste en voyage ; l’autre, Jean de Przibam, dès qu’il fut de retour à Prague, eut affaire au terrible moine Jean, qui l’accusa d’avoir outre-passé son mandat de député, et le fit condamner et chasser de la ville. Le Prémontré avait alors beaucoup d’influence à Prague. Peu de temps après, il accusa de trahison Jean Sadlo, gentilhomme qui avait livré les Bohémiens aux Allemands dans un combat, et l’ayant appelé à comparaître sous de bonnes promesses, il le fit saisir de nuit et décapiter dans la maison de ville de la vieille Prague. Les catholiques et les Calixtins qui commençaient à s’inquiéter du Prémontré, espèce de Montagnard à la tête d’un club de Jacobins, firent de grandes lamentations sur le meurtre de Jean Sadlo, et le revendiquèrent dans les deux camps comme un membre fidèle de leur communion ; ce qui ne prouve pas beaucoup en faveur de la loyauté de ce Jean Sadlo.

Pendant que ces événements se passaient à Prague, Sigismond députait des ambassadeurs à la diète de Czaslaw. Ils eurent beaucoup de peine à s’y faire admettre, et ayant commencé leur discours par de longues louanges de l’empereur, ils furent brusquement interrompus par Ulric de Rosenberg, qui se montrait alors des plus acharnés contre son maître : « Laissez cela, leur dit-il, et nous montrez vos lettres de créance. » La lettre de l’empereur était mêlée de fiel et de miel. Il offrait la paix, son amitié, presque la liberté des cultes, la réparation des