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jean ziska.

IX.


La conférence et le synode que tint ensuite tout le clergé hussite, pour tâcher d’éclaircir les dogmes, n’aboutirent à rien. On ne put s’entendre, les uns y portant trop d’emportement, les autres trop d’hypocrisie. Le parti calixtin, persistant dans sa résolution d’avoir un roi, envoya en ambassade deux grands, deux nobles, deux consuls de la bourgeoisie, et deux ecclésiastiques de l’Université (Jean Cardinal, et Pierre, l’Anglais), à Wladislas Jagellon, roi de Pologne, pour lui offrir la couronne de Bohême. Les modérés eurent la mortification bien méritée d’être éconduits. En vain il exposèrent leurs griefs contre Sigismond, alléguant que les nations polonaise et bohème devaient faire cause commune, Sigismond étant l’ennemi de la langue slave, et ayant déjà causé de grands dommages à la Pologne ; Sa Sérénité le roi de Pologne, qui craignait à la fois le saint-siège et l’empereur, les paya de défaites, s’effraya de leurs quatre articles, et finit, après les avoir promenés de conférences en conférences, par leur promettre sa protection pour les réconcilier avec Sigismond et avec le pape. Les mandataires du juste-milieu bohème subirent en outre la honte d’être logés en Pologne dans des endroits séquestrés et inhabités ; parce que, comme le pape avait décrété d’interdiction tous les lieux souillés par leur présence, le peuple aurait été privé du service divin là où ils auraient séjourné.

Pendant ce temps, les Taborites continuaient leur guerre de partisans, et les troupes impériales entretenaient leur fureur par des provocations féroces. Les capitaines des garnisons de Sigismond faisaient des sorties, entraient à cheval dans les églises calixtines, mas-