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m’exprime en termes convenables, moi, et je vous jure, non pas en mon âme et conscience mais plus sérieusement, sur l’honneur ! que cette aventure est certaine. Si vous voulez des preuves, je vous en fournirai, car j’ai été aux informations. Ce villageois demeurait ici, sous les combles, dans cette maison, qui est à vous maintenant, et que votre frère faisait valoir pour vous, en même temps que la sienne, située mur mitoyen. C’était un pauvre hère, qui avait reçu d’elle de l’argent pour s’acheter des bottes, je présume. Ils s’étaient vus deux ou trois fois dans la série ; la porte de votre jardin leur servait de communication. Je pourrais, si je cherchais bien, retrouver la femme de chambre qui m’a donné ces détails, et le jockey qui porta l’argent. La dernière nuit qu’Isidora passa à Paris, elle reçut cet homme dans le pavillon, dans l’appartement, dans les meubles de votre frère. Ce fut alors qu’averti par moi, il voulut la quitter. Ce fut alors qu’elle déploya toutes les ressources de son impudence pour le ressaisir. Ce fut alors qu’ils partirent ensemble pour ce voyage dont notre pauvre Félix n’est pas revenu, et qui s’est terminé pour lui par deux choses extrêmement tristes : une maladie mortelle et un mariage avilissant.