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ait épuré sa conduite et amélioré sa vie par l’envie qu’elle avait de le rendre heureux, ou par un calcul intéressé qu’elle aurait fait de l’épouser ?

— D’abord, Alice, je nie le principe ; je suis donc forcé de nier la conséquence. Cette femme avait pris l’habitude de l’hypocrisie : elle mettait plus d’art dans sa conduite ; elle avait éloigné d’elle tous ses anciens amants ; elle se tenait renfermée, ici à côté, dans le pavillon du jardin de votre frère ; elle cultivait des fleurs ; elle lisait des romans et de la philosophie aussi, Dieu me pardonne ! elle faisait l’esprit fort, la femme blasée, la compagne mélancolique la pécheresse convertie, et ce pauvre Félix se laissait prendre à tout cela. Mais quand je vous dirai, moi, que la veille de leur départ pour l’Italie, dans le temps où cette fille passait, aux yeux de Félix, pour un ange, que je l’ai reconnue, au bal de l’Opéra, en aventure non équivoque avec un joli garçon de province, maître d’école ou clerc de procureur, à en juger par sa mine !…

— Vous vous serez trompé ! sous le masque et le domino !…

— Sous le domino, à moins d’être un écolier, on reconnaît toujours la démarche d’une femme qu’on a connue intimement. Ne rougissez pas, cousine. Je