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jeune homme, ma cousine ; vous, surtout, qui vous plaisez, avant le temps, à mener la vie d’une vieille femme : vous n’avez pas la moindre notion…

— Dieu merci ! c’est assez, Adhémar, je ne tiens pas à vos enseignements. Je ne vous demande qu’un mot. Cette femme n’a-t-elle pas aimé beaucoup mon frère, dites ?

— Beaucoup ! c’est possible. Ces femmes-là aiment parfois l’homme qu’elles trompent cent fois le jour. Quand je vous dis que vous ne pouvez pas les juger !

— Je le sais, et ce m’est une raison de plus de ne pas les condamner sans chercher à les comprendre.

— Parbleu ! ma chère, c’est une étude qui vous mènera loin, si vous en avez le courage ; mais je ne crois point que vous l’ayez.

— Enfin, répondez-moi donc, Adhémar. Je sais que le passé de cette femme été plein d’orages…

— Le mot est bénin.

— D’égarements, si vous voulez ; mais je sais aussi que, depuis plusieurs années, elle s’est conduite avec dignité ; et la marque de haute estime que mon frère a voulu lui donner en l’épousant à son lit de mort, en est une preuve. Parlez donc ; pensez-vous, en vôtre âme et conscience, qu’elle