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souvenir ne sont terribles et humiliantes que pour moi seule.

— Ne dites pas cela, Julie ! Je vous aime, je vous aimerai toute ma vie. Je vous vénérais comme un ange ; à présent, je vous aimerai autrement ; mais ce ne sera pas moins, je vous le jure !

— Vous le jurez ! donc vous ne le sentez plus. Je ne veux pas être aimée autrement, moi, et je sais que mon ambition est insensée. Ainsi, adieu, noble et bon Jacques, adieu pour toujours, le dernier amour de ma vie !

— Julie ! Julie ! ne mettez pas de l’orgueil à la place de l’amour. Ne repoussez pas cet amour vrai et profond, que je mets encore à vos pieds. Ô ciel ! craindriez-vous de moi de lâches reproches ?

— Je vous l’ai dit, je crains le pardon ! ce muet reproche, le plus noble, mais le plus implacable de tous !

— Ne parlez pas de pardon, n’en parlons jamais ! À Dieu seul le droit de pardonner ; vous avez raison ! Et que suis-je pour m’arroger celui de vous absoudre ? Ma vie a été pure et paisible, et je n’ai pas lieu d’en tirer gloire. À quelles séductions ai-je été exposé ? quelles luttes ai-je subies ! Non, adorable