Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/39

Cette page n’a pas encore été corrigée

été plus sensible, je le vois, à un témoignage de fraternité, qu’il ne l’eût été peut-être à une gratification que je ne pouvais lui donner.

« Entrez donc, monsieur Jacques, me disait-il, madame ne grondera pas ; vous verrez comme c’est beau ici, et comme Fly court vile dans la grande allée… »

Tout à coup Madame sort d’un sentier ombragé et se présente à dix pas devant moi. L’enfant court à elle avec la confiance qu’un fils aurait témoignée à sa mère. Cela m’a touché.

« Tenez, Madame, criait-il, c’est M. Jacques Laurent qui n’ose pas entrer pour voir le jardin. N’est-ce-pas que voulez bien ? »

Madame approche avec une gracieuse lenteur.

« Il paraît que monsieur est un amateur, ajoute le jardinier. Il entend fameusement l’horticulture. »

Le brave homme se contentait de peu. Il avait pris ma patience à l’écouter pour une grande preuve de savoir.

— Monsieur Laurent, dit la dame, je suis fort aisée de vous rencontrer. Entrez, je vous en prie, et promenez-vous tant que vous voudrez.

— Madame, vous êtes mille fois trop bonne ; mais je n’ai pas eu l’indiscrétion d’en exprimer le