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plus doux, un ciel plus clair me rendraient plus laborieux et plus lucide. Je ne suis plus abattu comme je l’étais : au contraire, je me sens un peu agité ; mais la plume me tombe des mains quand je veux généraliser les émotions de mon cœur. Ô puissance de la douceur et de la bonté, que tu et pénétrante ! Oui, c’est toi, et non l’intelligence, qui devrais gouverner le monde !

Je ne m’étais jamais aperçu combien ce jardin, qui est sous ma fenêtre, est joli. Un jardin clos de grands murs et flétri par l’hiver ne me paraissait susceptible d’aucun charme, lorsqu’au milieu de l’automne j’ai quitté les vastes horizons bleus de la végétation empourprée de ma vallée. Cependant il y a de la poésie dans ces retraites bocagères que le riche sait créer au sein du tumulte des villes, je le reconnais aujourd’hui. Les plantes ici ont un aspect et des caractères propres au terrain chaud et à l’air rare où elles végètent, comme les enfants des riches élevés dans cette atmosphère lourde avec une nourriture substantielle, ont aussi une physionomie qui leur est particulière. J’ai été déjà frappé de ce rapport. Les arbres des jardins de Paris acquièrent vite un développement extrême. Ils poussent en hauteur, ils ont beaucoup de feuillage, mais la tige est parfois