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reprendrais ; mais je crains de l’avoir perdu davantage, car c’est bien par là que Dieu devait me châtier. Jacques ne m’aime plus…, cela est trop évident. Il me plaint encore ; il est capable de me sermonner, de me protéger au besoin, de mettre toute sa science et toute sa vertu à me sauver. Il est si bon et si généreux ! Mais qu’ai-je besoin d’un prêtre ? c’est un amant que je voulais. J’en retrouve un distrait et sombre… Je ne suis pas aimée. Pour la centième et dernière fois de ma vie, je ne suis pas aimée !… Ô mon Dieu ! et, alors, comment faire pour que j’aime ? Voilà mon cœur, hélas ! chère Alice, ce cœur qui agonise et qui ne peut vous répondre de lui-même.

— Vous croyez que Jacques ne vous aime pas ? dit Alice, plongée tout à coup dans une méditation étrange ; serait-ce possible ?…

Puis elle ajouta, en secouant la tête, comme pour en chasser une idée importune :

— Non, ce n’est pas possible, Julie, Jacques est absorbé par une grande passion, j’en ai la certitude, et, vous seule, pouvez en être l’objet. Il a trop souffert pour que son premier transport ne soit pas douloureux. Mais aimez-le, ma pauvre sœur, au nom du ciel, aimez-le, et vous le sauverez, en vous sauvant