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ombrageux et despotique à l’excès. On pourrait le comparer à celui de certains hommes politiques qui se drapent dans leur impopularité.

« Jugez donc de ce que doit souffrir une tête douée d’intelligence et de raison, quand, poussée par la fatalité dans cette voie sans issue, elle arrive à perdre la puissance de se réhabiliter sans en voir perdu le besoin. Ah ! Madame, vous n’êtes pas, vous, une femme vulgaire, vous avez un grand cœur, une grande intelligence. Il est impossible que vous ne me compreniez pas. Vous ne voudriez pas m’insulter en me mettant sous les yeux les prétendus éléments de mon bonheur, le nom et le titre que je porte, la sécurité de ma fortune, de ma liberté, ma beauté encore florissante, et mon esprit généralement vanté et apprécié par de prétendus amis. Mon nom de patricienne et mon titre de comtesse, je les dois à l’amour aveugle et obstiné d’un homme que je ne pouvais pas aimer, et que j’ai souvent trompé, avide et insatiable que j’étais d’un instant d’amour et de bonheur impossibles à trouver ! Cet homme excellent, mais homme du monde, malgré tout, jaloux sans passion et généreux sans miséricorde, n’eût jamais osé faire de moi sa femme, s’il eût dû survivre à la maladie qui l’a emporté. À