Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/167

Cette page n’a pas encore été corrigée

se cacher de lui-même. Il referma, sans bruit, la petite porte et jeta un regard craintif sur l’allée déserte et les massifs silencieux.

Les volets du rez-de-chaussée, habité par Alice, étaient fermés, nulle trace de lumière, aucun bruit à l’extérieur. Sans doute elle était couchée.

— Ah ! repose en paix, âme tranquille et sainte, pensa-t-il en approchant de ces fenêtres sans reflets et de cette façade morne d’une maison endormie sous le froid et fixe regard de la lune. Dors la nuit, et que tes jours s’envolent en sereines rêveries. Que l’orage, que la honte, que les luttes vaines et coupables, que les inutiles désirs et les remèdes empoisonnés, que la douleur et le mal soient pour moi seul ! Maintenant me voilà condamné par ma conscience à me taire éternellement, et je ne pourrai plus même maudire ma timidité !

Il fallait traverser l’antichambre de madame de T*** pour rentrer dans la maison. Et qu’allait devenir Jacques si cette porte était fermée ! Mais à peine l’eut-il touchée, que Saint-Jean vint la lui ouvrir.

— Ne faites pas de bruit, monsieur Laurent, madame est retirée, lui dit le bonhomme qui l’avait attendu sur ce banc classique en velours d’Utrecht, où les