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lui chercher ce siége. Ce pouvait être une politesse muette. Il se crut sauvé. Mais tout à coup il sentit son bras retenu par la main d’Isidora qui lui dit avec vivacité :

— Mais, Monsieur, je vous connais, vous êtes… Mon Dieu, n’êtes-vous pas…

— Je suis Jacques Laurent, répondit avec résignation le timide jeune homme, incapable de soutenir aucune espèce de feinte, et jugeant d’ailleurs qu’il était impossible d’éviter plus longtemps cette crise délicate.

Puis, comme il sentit le bras d’Isidora presser le sien impétueusement, un sentiment de méfiance, et peut-être de ressentiment, lui rendit le courage de sa fierté naturelle.

— Probablement, madame, lui dit-il, ce nom est aussi vague dans vos souvenirs que les traits de l’homme qui le porte.

— Jacques Laurent, s’écria madame de S*** sans répondre à ce froid commentaire. Jacques Laurent ici, chez madame de T*** ! et dans cet endroit !… Ah ! cet endroit qui m’a fait vous reconnaître, je ne l’ai pas revu sans une émotion terrible, et j’ai été comme forcée de vous regarder, quoique… Jacques, vous ici avec moi ?… Mais comment cela se fait-il ?… Que faisiez-vous chez madame de T*** ? Vous la connaissez